Sur quels éléments peut-on se baser lorsque nous nous trouvons face à un fraudeur ? L’individu qui a expérimenté la fraude depuis longtemps sait contrôler son discours et son attitude. Il sait également comment manipuler la personne qui l’interroge : il l’a déjà fait avec ses amis, sa famille et ses collègues. Alors la question est simple : de quoi dispose-t-on pour repérer les signes de tromperie d’un fraudeur ?
Les techniques à employer
Oui, il existe des techniques mais il est utile de rappeler que chacun a son mode de fonctionnement dans la façon de mentir et chacun à sa propre méthode d’observation. Et ce qui marche avec les uns n’est pas systématiquement efficace avec d’autres. Les conseils suivants sont utilisés pour lutter contre la fraude. L’objectif de base est simple : encourager la personne interrogée à dire la vérité plutôt que de s’empêtrer dans ses mensonges. Bien sûr, avoir des preuves facilite grandement l’entretien. Mais parfois, il n’y a rien de vraiment concret qui atteste la supercherie.
C’est à partir de là que nous pouvons utiliser ces quelques *méthodes qui aideront à mieux cerner le fraudeur :
1/ Posez des questions
Mais posez les bonnes questions, celles qui nécessitent des réponses qui apporteront les détails recherchés. Il ne faut en aucun cas se contenter de poser des questions fermées qui n’aboutiront sur rien de concret. Tournez bien le sens des mots. Et petite astuce : si vous voulez savoir si votre interlocuteur est un menteur de base, posez-lui des questions auxquelles vous avez déjà les réponses. C’est un très bon moyen d’évaluer son niveau de mensonge.
2/ Créez du lien
Mettre à l’aise l’interlocuteur est primordial. Et de ce fait, vous pouvez lui réclamer sa coopération. Pour cela, demandez à l’individu s’il a l’intention de se montrer honnête avec vous durant cet entretien. Posez cette question dès le début ! Et il y a fort à parier que l’interlocuteur vous dira “oui” ! A partir de là, vous pouvez lui montrer votre confiance en lui :
– “Ainsi, quand j’aborderai certaines questions, je sais que je pourrai compter sur vous, n’est-ce pas ?”
– “Oui, vous pourrez compter sur moi“
Bien sûr, il y aura probablement des interrogations qui recevront des mensonges. Mais dans bien des cas, lorsque nous créons ce lien avec un éventuel fraudeur, nous lui compliquons le travail et il lui sera plus difficile de mentir. Dans d’autres situations, le fraudeur commence par mentir, puis, se sentant mal à l’aise, change sa version des faits pour dire la vérité un peu plus tard.
3/ Restez concentrés !
Lorsque vous posez une question à votre interlocuteur, toute votre attention doit se porter sur ce qu’il dit et la manière dont il le dit. Son récit doit être “ouvert” et nous l’avons vu, pour cela vos questions doivent laisser place à du descriptif.
Au moment où l’individu raconte les faits, il convient de ne surtout pas l’interrompre pour quelque motif que ce soit. Pour aider à cette concentration auditive, il est impératif que l’environnement soit calme. Pas de passages intempestifs. Pas de téléphone qui sonne, que ce soit celui du bureau ou le portable. Tous ces détails coupent le lien que vous essayez de tisser avec l’autre. Cela va également le perturber durant ses explications. Et vous, votre concentration va s’en trouver sérieusement malmenée.
4/ Faites répéter
Une fois que votre interlocuteur a relaté les faits, faites lui répéter à nouveau son histoire. Puis, demandez-lui ensuite de reprendre son explication, mais cette fois-ci en sens inverse, c’est-à-dire de la fin au début. Cette pratique serait peu commode pour les menteurs qui auraient bien du mal à relater les actes dans cet ordre.
Là encore, il ne s’agit pas d’une technique qui marche à tous les coups. J’ai vu des menteurs réussir parfaitement cet exercice. Il faut donc cumuler plusieurs méthodes.
5/ Développez des hypothèses alternatives
Nous pouvons tous être prédisposés, à un moment donné ou à un autre, à avoir un parti pris. Qu’ils soient conscients ou inconscients, ils peuvent réellement altérer les entretiens avec les fraudeurs. Prenons l’exemple suivant : un enquêteur étudie le dossier d’un individu. A ses yeux, il récupère suffisamment de preuves pour questionner cette personne. L’enquêteur est tellement persuadé de la culpabilité de l’auteur, que toutes ces questions vont s’orienter vers lui, sans chercher à savoir s’il y aurait d’autres options possibles, comme d’autres complices, etc…
C’est pour cela qu’il faut développer toutes les hypothèses qui pourraient exister afin de n’oublier aucune piste.
Et n’oublions pas : les statistiques sur la détection du mensonge sont quasiment identiques entre le grand public et les professionnels de l’enquête. Il semblerait que nous soyons plus aptes à repérer la vérité plutôt que la tromperie. D’où l’intérêt de se concentrer davantage sur ces quelques techniques qui peuvent, dans bien des cas, amener les gens à nous dire la vérité.
SB.
Si vous souhaitez en savoir plus sur les stratégies des menteurs, procurez-vous le guide : Interactions et mensonges : la vérité sur les menteurs. Cela vous permettra de mieux comprendre la tromperie et comment la détecter lorsqu’elle se présente.
* Bret Hood – La fraude ACFE
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