Beaucoup de gens s’intéressent aux tueurs et cela s’explique, en grande partie, par l’exposition médiatique qui leur est offerte ! Il existe une certaine fascination pour le macabre et la peur que cela suscite. Et c’est un intérêt pour lequel la presse, la télévision, la radio, le cinéma et les plateformes de streaming, capitalisent volontiers. Le thème du crime ne lasse pas et il y’a plusieurs raisons à cela…
Déshumaniser les tueurs
Le fait de déshumaniser les criminels, notamment les tueurs en série, en les nommant par d’autres qualificatifs que leurs vrais noms (« Le monstre du Pont-Rouge », « Le vampire de Düsseldorf », « L’Ogre de Santa Cruz »), va rassurer les populations.
L’agression ou le crime brutal qui a été commis ne peut être que l’acte d’un fou, d’un monstre ou du diable en lui-même. L’individu ne peut pas être quelqu’un de normal, évoluant dans la même société que nous. Cependant, à maintes reprises, des tueurs froids, violents et sans affect, se sont pourtant avérés être des gens ordinaires, de bons employés, de gentils voisins ou des pères de familles.
Mais les médias affublent aussi ces criminels d’appellations comme celles vues ci-dessus, afin de provoquer l’émotion, la crainte et la curiosité du public.
La fascination du crime
L’intérêt porté aux criminels n’est pas vraiment nouveau. Les gens ne veulent pas regarder une histoire sordide mais pour autant, ils n’arrivent pas à détourner le regard. Beaucoup aiment ressentir la peur, mais c’est une peur contrôlée où ils commencent à découvrir une histoire criminelle dans un média quand ils veulent et l’arrêtent quand bon leur semble. Et à la fin de ce récit, ou plus tard, la pression retombe et chacun retrouve sa sécurité intérieure.
La fascination des tueurs, notamment des tueurs en série, se pose surtout sur le côté « insondable » de ces individus.
Il y’a cette volonté de comprendre. De manière générale, l’être humain a besoin du donner du sens au monde dans lequel il vit. Mais les criminels échappent à cette compréhension tant leurs motivations semblent floues.
Ainsi, regarder des documentaires, des séries ou des films sur les histoires criminelles, permet de mieux gérer la peur et d’activer une sorte de « contrôle » sur la crainte que le sujet suscite. Après avoir « déshumaniser » ces monstres sanguinaires, le fait de mieux connaître leur vie les « humanisent » à nouveau.
Crimes et célébrité !
Commettre des crimes mène-t-il à la célébrité ? D’une certaine façon, oui !
De plus en plus d’émissions et de documentaires racontent le parcours de certains tueurs. Le criminel a bien sûr une place centrale dans le récit et les réalisateurs vont créer un lien émotionnel entre le tueur et les spectateurs.
Mais cette connexion émotionnelle pose problème : où se situe la frontière entre « informer le public » sur le parcours criminel d’un tueur et « encenser » ce dernier et finalement faire de lui une victime collatérale du système ?
Peut-être que les médias devraient assumer leur responsabilité en ne publiant pas les noms, les photos ou vidéos des tueurs. Tout simplement parce que cela donne à certains d’entre eux l’attention qu’ils recherchent tant.
Des tueurs ou des individus violents visent l’attention des médias et des réseaux sociaux car ils savent que la tragédie qu’ils vont provoquer va générer de nombreuses émotions.
Tout cela, au détriment des vraies victimes.
Le profilage dans les médias
Si les médias parlent des tueurs, ils abordent également le thème du profilage criminel.
D’un côté, nous avons la criminalistique qui a su évoluer de manière incroyable ces dernières années (ADN, sang, armes, etc…)
De l’autre, nous avons le profilage criminel qui a su, lui aussi, se développer afin de dresser le profil d’un tueur.
Bien que les progrès soient réels dans le profilage criminel, les médias, notamment le cinéma et la télévision, ont été amenés à exagérer l’efficacité et les capacités de cette discipline. Les résultats obtenus avec le profilage sont surestimés. Ce que les gens voient à la télé, au cinéma ou dans les documentaires, n’est pas nécessairement représentatif de ce qui fonctionne dans les enquêtes criminelles réelles.
La perception du public sur le profilage criminel est donc fondée sur ce qu’il a pu lire ou voir dans les médias, ce qui véhicule beaucoup d’idées préconçues sur le sujet. À ce jour, il y’a très peu d’études qui ont pu tester l’efficacité des méthodes du profilage.
Afin de conclure cet article, j’ai eu le plaisir d’échanger avec Ugo Maillard, journaliste pour « Le monde de la sécurité » qui souhaitait justement réaliser un entretien sur le sujet des criminels dans les médias. Pour le lire dans son intégralité, cliquez sur l’image ci-dessous.
À bientôt.
SB.
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