Dis-moi comment tu te tiens, je te dirai si tu écoutes !
Lors d’un précédent article, nous avons vu ensemble comment activer une écoute sincère avec un petit test pour vérifier cette dernière ( “Savez-vous vraiment écouter ?” )
Dans l’article du jour, nous allons évaluer le niveau d’écoute de nos interlocuteurs à travers des observations de base. L’objectif est de comprendre comment nos propos sont entendus et interprétés par les autres.
Etape n°1 : tenir compte de l’environnement
Avant de se concentrer sur la personne qui nous fait face, nous devons tout d’abord prendre “la température” de l’environnement dans lequel nous allons communiquer. Certains détails extérieurs peuvent brouiller notre observation du non verbal, il est donc essentiel de prendre en compte :
Pour une dimension professionnelle, le lieu doit être adapté à la communication : un bureau calme, sans passage et avec un climat tempéré. A nous d’évaluer ensuite l’humeur de notre interlocuteur en portant notre attention sur son visage. Le rendez-vous peut ainsi commencer en débutant la conversation par des sujets qui mettent à l’aise. Cela permet de mieux évaluer la gestuelle dans cette ambiance détendue. Pour parfaire le tout, il ne faut pas hésiter à servir une boisson chaude avec, éventuellement, quelques viennoiseries.
Etape n°2 : observer les gestes d’ouverture
Au début d’une conversation, il n’est pas rare de constater que notre interlocuteur est un peu replié sur lui-même. Cette attitude est relativement fréquente, y compris avec les personnes que nous connaissons bien. Il faut toujours laisser un petit délai à nos contacts pour trouver leur position dominante qui sera amenée à évoluer durant la conversation.
Après les échanges d’usage, traduisons les mouvements d’ouverture que la personne a vis-à-vis de nous durant son écoute. Lorsqu’il est en écoute active, le corps de l’interlocuteur est positionné de la sorte :
la tête n’est pas rigide : elle penche légèrement
le regard est porté vers nous et nos propres gestes
le buste est droit ou bien tourné vers nous ; il part vers l’avant
les épaules sont détendues ou le bras gauche est posé sur la table : l’épaule gauche est alors tournée vers nous (partie émotionnelle actionnée)
les mains sont posées sur la table ou sur le visage (NB : certains gestes au niveau du visage peuvent révéler un désaccord ou de l’ennui. Il faudra donc vérifier d’autres indices corporels)
les jambes sont décroisées mais si ces dernières sont l’une sur l’autre, elles sont tournées vers nous
les pieds sont bien collés au sol ou partent vers nous
des gestes régulateurs viennent confirmer son accord (hochements de tête, sourires…
Notons qu’il est plus compliqué d’observer les mouvements des jambes et des pieds lorsque nous sommes assis mais si nous avons l’occasion de les voir, ce sont des parties du corps très révélatrices au niveau de l’état d’esprit de l’autre.
Etape n°3 : observer les gestes de fermeture
Au moment où la personne s’installe face à nous et qu’elle commence à écouter nos propos, il est normal que le corps soit fermé. Ce dernier s’animera au fur et à mesure de la discussion. Si ce n’est pas le cas, cela signifie que la réceptivité n’est pas là.
Lorsque nous communiquons avec l’autre, notre corps s’ouvre et se ferme de façon constante et il ne faut pas nécessairement chercher à analyser une position particulière. Là où il faut se concentrer, c’est au moment du changement de position qui s’exécute à un moment précis. Prenons l’exemple de la position assise. La fermeture du corps de notre interlocuteur peut souligner 3 choses :
1. son désaccord
2. son incompréhension
3. sa déconcentration
Le désaccord
le corps était jusqu’ici ouvert mais le buste part subitement à l’arrière de la chaise
les bras peuvent être croisés (les doigts sont cachés sous les aisselles)
les expressions du visage montrent du scepticisme (bouche qui part vers l’avant) ; un œil est davantage plissé
les pieds partent sous la chaise ou se tournent vers la porte de sortie : l’interlocuteur souhaite fuir !
L’incompréhension
les deux yeux se plissent et apportent une série de rides verticales sur le front
les jambes et les pieds reculent sous la chaise
le buste s’avance : l’interlocuteur attend plus d’explications
La déconcentration
les épaules sont totalement détendues
les mains et les bras peuvent s’abaisser le long du corps mais ne sont plus visibles sur la table
le regard est fixé sur nous mais les paupières ne battent plus : les informations ne sont donc plus enregistrées
Pour valider ce que nous observons, n’oublions jamais qu’il nous faut plusieurs indices corporels. Ce sont eux qui viendront valider ou non ce que nous avons pu mesurer de l’écoute de nos interlocuteurs.
L’écoute de Barack Obama
Le Président américain est un maitre du langage non verbal. Il sait paraître à l’aise et mettre les autres dans le même état. Ainsi, voyons de plus près comment Barack Obama actionne son écoute active :
Le buste est avancé vers son interlocuteur
Les mains sont bien mises en évidence sur la table. Les pouces sont visibles, signe de belle confiance en soi et il n’y pas de tension au niveau du croisement des doigts.
Les pieds sont au même niveau des mains, sans retrait.
Cette attitude générale montre une écoute paisible et détendue.
Notons la gestuelle du journaliste qui est assez en osmose avec celle du Président, si ce n’est que sa main droite s’accroche à sa main gauche. En faisant ce geste, il régule sa partie émotionnelle. En se tenant la main de la sorte, il se rassure.
Belle symétrie des épaules qui sont détendues
Tête qui penche sur la droite : c’est donc la partie gauche de Barack Obama qui regarde l’interlocuteur. Empathie et douceur
Le Président américain est très empathique dans son écoute. Sa façon d’être montre de l’intérêt à ce qui est entendu, mais aussi de la courtoisie.
Durant l’écoute, la tête penche encore un peu plus sur la droite, actionnant davantage la partie gauche et émotionnelle de son visage
Plusieurs clignements de yeux viennent valider son écoute active : il enregistre bel et bien ce qu’on lui dit
Face à cette attitude, nous pouvons observer que la concentration est toujours de mise.
La bouche est entrouverte : il aspire les informations qu’il entend
Avec ces bases, vous savez maintenant comment identifier si vous êtes réellement écoutés ou non. A vous de tester l’ensemble de cet article durant vos conversations !
Clôturons ce post avec des extraits vidéo de cette séance avec Barack Obama.
Vous appréciez cet article ? Pourquoi ne pas en parler autour de vous ?
6 Comments Already
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Interessant :-))
Je propose que Barack coache Nicolas !!!
Entre 2007 et 2012 , Mr Nicolas Sarkozy a été coaché et plutôt bien (mais pas par Barack) ! Ses tics nerveux et autres mouvements corporels incessants se sont relativement calmés. Il maîtrise mieux l’ensemble de ses gestes mais reste à contôler la menace de son index, les mains qui tirent sur sa veste, les mouvements des épaules (quoi que ces derniers ne sont pas négatifs) et le placement de sa cravate.
Bonjour,
Je voudrais avoir plus de précision;
Obama a la tête qui penche à droite, il serait donc dans l’analyse plus que dans le partage émotionnel. Si était plus dans l’émotionnel, il présenterait plus son coté gauche mais sans pencher la tête à droite.
Qu’en pensez-vous ?
Bonsoir,
Tentez l’expérience suivante, soit devant une glace, soit avec une autre personne.
1. Demandez quelque chose en gardant la tête droite
2. Ensuite, demandez cette même chose soit : en baissant légèrement la tête sur la droite ou en tournant légèrement celle-ci sur le côté droit. Regardez quelle partie du visage vous regarde davantage.
3. Interrogez-vous : quelle différence observez-vous ?
Actionner notre tête sur le côté apporte un maintien plus doux à notre visage.
Lorsque la partie gauche du visage est activée : côté émotionnel.
Ainsi, une personne vous écoute. Sa tête est légèrement tournée ou baissée sur sa droite ; elle vous présente la partie gauche de son visage : l’empathie et l’intérêt portés à l’autre sont là. Tout au plus, nous pouvons dénoter une légère mise à distance afin de garder le contrôle de ses émotions.
C’est ce que nous pouvons voir avec Barack Obama. Son maintien est doux, avec une écoute bienveillante tout en maintenant, bien sûr, la régulation de ses impressions personnelles.
Toutefois, attention : lorsque la tête est à droite (penchée ou baissée) et présente la partie droite du visage, la signification n’est plus la même.
Bien à vous.
Oui fan du 94 j\’ai exactement eu la même pensée, je me disais que le fait qu\’il penche la tête vers la droite m\’indiquer qu\’il était plus dans l\’analyse. Sylvie Bréger pourrait nous dire ce qu\’elle en pense
oui je comprends maintenant merci sylvie